Comment le Bluestar a permis de retrouver les auteurs de la tuerie
La disparition de la famille Flactif était le fruit de nombreuses interrogations. C'est grâce un simple produit, le Bluestar, que le quintuple homicide a été résolu.
Cette affaire avait défrayé la chronique en 2003. Au Grand-Bornand, les époux Flactif et leurs trois enfants ont mystérieusement disparu. Fuite volontaire ou assassinat ? C’est en passant la maison au peigne fin et notamment au Bluestar que les gendarmes vont totalement réorienter leur enquête.
Le 12 Avril 2003, les gendarmes reçoivent un appel. Au bout du fil, un homme paniqué qui devait retrouver sa famille au Grand-Bornand en Haute-Savoie. Mais arrivé à la porte du chalet, personne ne répond. Les lieux sont vides, la maison rangée, nettoyée, et la voiture familiale a disparu. Très vite le 4×4 de la famille est retrouvé sur le parking de l’aéroport de Genève à 50km de là. Les gendarmes vont donc privilégier une piste, celle de la disparition volontaire.
Xavier Flactif, le père de famille est un riche promoteur immobilier. Le couple et les trois enfants vivent dans un luxueux chalet de 400m². Mais depuis plusieurs années la justice s’intéresse à lui et le soupçonne d’escroquerie, ce qui pourrait justifier une fuite soudaine.
Des voisins hostiles
Dans le village, sa réussite est vue d’un mauvais œil. C’est ce que vont constater les journalistes dépêchés sur place et notamment une équipe de TF1 qui a recueilli le témoignage d’Alexandra Lefevre, ancienne employée de ménage des Flactif, et de son compagnon, David Hotyat, mécanicien et locataire d’un des chalets du couple disparu.
« Si ça trouve il s’est barré et puis il est sur son bateau bien cool, tout le monde cherche après lui. Tout le monde est en train de se faire du soucis, mais il est capable de ça lui. Il est parti du Nord, il a fait exactement pareil, ils ont mis un an à le retrouver. Donc allez savoir. », témoignait Alexandra Lefevre. « C’est incroyable qu’il y ait des gens comme ça, qui fassent du mal aux autres. Parce que lui, il s’en mettait plein les poches. Le chalet où il habite, c’est quelque chose. Il y a 400m² habitable, un sous-sol vous pouvez trois bus dedans tellement c’est immense, et ce con là il se barre ».
Une archive qui, a posteriori fait froid dans le dos car le couple Hotyat-Lefevre finira par être condamné pour assassinat et association de malfaiteurs. Reconnu coupables de la mort des 5 membres de la famille Flactif. Et c’est grâce à un produit, le Bluestar, que les gendarmes ont totalement réorienté leur enquête.
Le Bluestar, comment ça marche ?
Le Bluestar permet de révéler des traces de sang qui ont été nettoyées. Une fois pulvérisé dans une pièce plongée dans la pénombre, il émet des lumières bleues sur chaque tâche que l’on a tenté de faire disparaitre.
« Il y avait plein de zones différentes où, en utilisant ce produit, on a pu mettre en évidence des grandes traces de nettoyage dans les escaliers, le salon. Cela nous permet de faire des prélèvements dans ces zones en particulier, qui ne sont pas visibles à l’œil nu », explique Céline Niclou, morphoanalyste de traces de sang, qui a fait partie de l’équipe d’experts envoyés au chalet du Grand Bornand. « Il y a des violences sanglantes, plusieurs ADN, l’ADN de toute la famille, donc là ce n’est ni accidentel, ni un départ intempestif en vacances ». En creusant la piste criminelle, les enquêteurs sont donc remontés au couple Hotyat-Lefevre.
Une méthode en évolution constante
Céline Niclou, a poursuivi son travail de morphoanalyste qui ne se résume pas seulement à l’utilisation du Bluestar. Elle a pu reconstituer comment et à quel endroit du chalet Hotyat a tué les deux parents et leurs trois enfants. Un travail qu’elle poursuit aujourd’hui encore au sein de la gendarmerie avec quatre autre collègues morphoanalystes.
« On se déplace à travers toute la France pour aller sur les scènes, analyser les traces, utiliser une modélisation 3D. On va travailler en morphoanalyse de traces de sang, ce qui est l’étude des traces visibles de sang en fonction de la forme, de la taille et de la distribution de ces traces. Cela va nous permettre de déterminer l’évènement sanglant à l’origine de la trace qu’on observe », .
La morphoanalyse ne cesse d’évoluer. Récemment les morphoanalystes de la gendarmerie ont déposé un brevet, une technique qui pourra, à terme, déterminer avec précision de quand date une tache de sang retrouvé sur une scène de crime.