Bluestar, le produit miracle qui résout de multiples enquêtes criminelles
Devenu essentiel dans les enquêtes complexes, le Bluestar, né dans un laboratoire du CNRS, est devenu une arme redoutable entre les mains de la police technique et scientifique.
Le Parisien : 01.04.2019 (France)
Convoqué jeudi dernier devant la juge d’instruction, Jean-Marc Reiser, principal suspect dans la disparition de Sophie Le Tan en septembre à Strasbourg (Bas-Rhin), est tombé de haut. Après neuf heures d’audition, la magistrate lui a présenté une nouvelle pièce : une scie découverte dans sa cave par les policiers.
Sur le manche, le sang de Sophie Le Tan. Un « élément accablant », selon Gérard Welzer, l’avocat de la famille de Sophie Le Tan. Une découverte rendue possible grâce au Bluestar. Un produit qui « équipe aujourd’hui la police dans une centaine de pays dans le monde », souligne Jean-Marc Lefebvre-Despeaux, patron de Bluestar Forensic, basée à Monaco.
Créé en 2003 par Loïc Blum, chercheur au CNRS, le Bluestar est vite devenu un incontournable des services de police technique et scientifique (PTS), remplaçant le Luminol. « La réaction du Bluestar est beaucoup plus intense et plus longue », assure Jean-Marc Lefebvre-Despeaux.
« Quand j’étais basé en Seine-Saint-Denis, mon équipe qui couvrait un quart du département s’en servait une dizaine de fois par an », explique Christophe, technicien en chef de PTS, qui forme désormais les équipes amenées à aller sur des scènes de crime. « On s’en sert dans les crimes de sang camouflés, quand on pense qu’il y a pu avoir des traces qui ont été nettoyées. »
La force du Bluestar, c’est d’illuminer le sang malgré les efforts de nettoyage des auteurs de crime. Dans l’affaire Reiser, le Bluestar avait d’ailleurs permis de révéler la présence d’une importante quantité de sang dans la salle de bains du suspect. « Il est très difficile d’arriver à un nettoyage parfait, souligne Jean-Marc Lefebvre-Despeaux. On va presque toujours en trouver : entre une plinthe et le sol, dans les joints de carrelage… » Et parfois des années plus tard.
Alors en poste en Seine-Saint-Denis, Christophe se souvient par exemple d’avoir pu trouver, sous une moquette, des traces de sang qui dataient d’une dizaine d’années. « Même sur des surfaces qu’un suspect pense imperméable, sur un objet qu’il a parfaitement nettoyé, on peut en trouver », assure le technicien de la police scientifique.
C’est notamment le cas de la scie trouvée chez Jean-Marc Reiser, qui avait visiblement été nettoyée par le suspect. Tout comme le tournevis découvert, il y a quelques années, par Christophe et son équipe dans le cadre d’une affaire de meurtre. « On cherchait un objet type pic à glace, qui aurait été planté dans la tête d’un homme. On est tombé sur une boîte à outils avec un tournevis. On a pulvérisé du Bluestar, il est devenu tout bleu, se souvient Christophe. Et pourtant, le suspect avait tout nettoyé, on ne voyait rien à l’œil nu. »
Mais la science a fait plonger le meurtrier. Jean-Marc Reiser connaîtra-t-il le même sort ? Confronté à cette nouvelle pièce « accablante », il se serait montré « confus », selon une source proche du dossier.
Bluestar, le produit miracle qui résout de multiples enquêtes criminelles