Les progrès scientifiques ont fait parler une trace de sang

Maëlys : comment les progrès scientifiques ont fait parler une trace de sang microscopique

FRANCE 3 : 09.12.2019

Elles ont échappé au nettoyage méticuleux de Nordahl Lelandais. Puis, dans un premier temps, à l’attention des enquêteurs. Ce sont des microtraces de sang, découvertes sous des tapis de sol, dans le coffre de l’Audi A3 du suspect de l’homicide de Maëlys de Araujo, qui ont permis de le confondre et de lui arracher des aveux.

Ces dix dernières années, la science a fait de spectaculaires progrès pour faire parler de minuscules taches de sang. « En 2000, il fallait une trace d’un demi-centimètre pour identifier une victime, aujourd’hui on peut le faire quand les traces ne sont pas visibles pour l’œil humain », explique le colonel Patrick Touron, le directeur de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN).

Du nylon plutôt que du coton

Pour un criminel, il devient de plus en plus difficile de faire disparaître des indices. « La lame d’un couteau peut avoir été soigneusement nettoyée, en démontant l’objet, on peut trouver des traces à l’intérieur du manche qui vont nous être utiles, même s’il n’en reste pas beaucoup. Ou bien dans l’étui », souligne Marie-Gaëlle Le Pajolec, co-directrice de l’Institut Génétique Nantes Atlantique (IGNA).

Depuis une dizaine d’années, toute la chaîne conduisant à l’identification des victimes à partir de leur sang a évolué, à commencer par la détection de cellules sanguines. « Des révélateurs de sang comme Bluestar permettent de trouver des traces invisibles. Il y a aussi des appareils qui déclenchent des lumières à des longueurs d’onde particulières », poursuit Marie-Gaëlle Le Pajolec. Ce sont des outils de ce type qui ont été utilisés pour repérer les microtraces de sang de Maëlys.

L’étape suivante, celle du prélèvement, s’est aussi perfectionnée. « On utilisait auparavant des écouvillons avec des tiges en coton où des moisissures pouvaient se développer. Aujourd’hui, on utilise des écouvillons avec des tiges en nylon qui sèchent beaucoup plus vite », ajoute l’experte de l’IGNA.

Etudier les projections

L’extraction de l’ADN à partir des cellules, ainsi que sa duplication pour les besoins de l’enquête (son « amplification », dans le langage scientifique), sont également facilitées. « Le sang est une matière très riche en ADN. A partir de traces très faibles, on arrive aujourd’hui à obtenir des empreintes. Pour l’extraction de l’ADN, nous avons des kits beaucoup plus performants qu’il y a dix ans », affirme Marie-Gaëlle Le Pajolec. Cette étape qui prenait auparavant une semaine ne demande désormais que quelques heures…

Les enquêteurs peuvent également compter sur les experts en morpho-analyse de traces de sang de trois pôles français, dont l’IRCGN et l’IGNA. Cette discipline, développée en France depuis la fin des années 1990, permet à partir des projections de sang d’élaborer des scénarios : la victime a-t-elle été frappée ? Y a-t-il eu plusieurs protagonistes ? Comme c’est le cas dans le cadre de l’affaire Maëlys, la taille, la forme et la répartition de chaque goutte de sang sont examinées avec attention.

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